Le ministère du Commerce présente le bilan de l’année écoulée en matière du contrôle économique et de la répression de la fraude. Quelque 130.000 contraventions sont enregistrées en 2020 ayant donné lieu à l’établissement de 109.000 PV de poursuites judiciaires. Les représentants des commerçants sont mécontents. Ils estiment que le temps n’est aux sanctions, mais plutôt à la sensibilisation. Le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulenouar, a indiqué que l’ensemble des commerçants a subi des pertes suite aux mesures de confinement décidées par le gouvernement dans sa lutte contre la propagation du coronavirus. Pour lui, les verbalisations fragilisent davantage les commerçants, dont certains ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 70%. Il a regretté que des poursuites judiciaires soient lancées contre les commerçants pour de simples infractions liées au non-respect des heures de confinement, non affichage des prix et bien d’autres motifs de gravité moyenne. «On aurait accepté les poursuites judiciaires pour avoir vendu des produits périmés ou contrefaits», a-t-il asséné. Très en colère contre certaines décisions, notamment les fermetures prolongées, notre interlocuteur a indiqué que les commerçants ont besoin d’être aidés et non sanctionnés. «Je ne comprends pas les décisions de fermeture alors que la majorité des commerçants souffre de baisse de revenu. Nous demandons aux autorités de geler les sanctions financières et les décisions de fermeture sauf pour les délits graves, touchant la santé publique. Il soutient que la fermeture devrait être le dernier recours. Pour lui, il faut revoir à la baisse les sanctions de fermeture et les fermetures d’un mois doivent être bannies. «On a fermé aux commerçants pour avoir dépassé de 10 minutes l’heure de fermeture. Cela est inacceptable ! Des commerçants nous contactent souvent pour nous alerter sur ce qu’ils sont en train de subir. Ils menacent de remettre la clé sous le paillasson et aller travailler dans le marché noir», a-t-il souligné. «En tant qu’association professionnelle, nous sommes entre le marteau et l’enclume. Si nous défendons nos commerçants, choses des plus légitimes, les gens disent de nous que nous sommes en train d’encourager l’anarchie et contre la santé des consommateurs, mais d’un autre côté, nous devons défendre les intérêts des commerçants dont la majorité est aujourd’hui sinistrée», a-t-il dit. Pour sa part, Abdelkader Boucherit, secrétaire national chargé des finances à l’Union générale des commerçants et artisans algériens a estimé qu’il faut aider les commerçants fragilisés par la covid-19, au lieu de les sanctionner. Selon lui, les agents de contrôle «font tout» pour verbaliser les commerçants pour se justifier auprès de leur hiérarchie. Il a ajouté que l’objectif des opérations de contrôle ne doit pas être le comptage du nombre de verbalisations, mais de sensibiliser les commerçants sur le respect des pratiques commerciales, notamment le respect du protocole sanitaire durant cette période difficile. Il regrette que le secteur soit prisonnier des anciennes pratiques, plaidant pour plus de sensibilisation.
nAmokrane H.