Le pays sera bientôt doté de nouvelles institutions à même de traduire les engagements électorales du président de la République. Sa feuille de route a été certes freinée par la pandémie de la Covid 19, mais son application semble progressivement revenir à l’ordre du jour. Les Algériens devraient ainsi s’attendre à vivre l’année de tous les changements.
Un processus qui sera amorcé par la mise en place d’un nouveau pouvoir législatif et de nouvelles assemblées populaires de wilaya et de commune. L’absence de ce volet dans la loi de finances de 2021 n’a pas empêché la classe politique et la société civile de se projeter dans cette perspective électorale. Leur participation au renouvellement des instances élues est d’ores et déjà inscrite sur leur agenda. Très convoitées par l’élite politique et associative, les élections législatives, qui traduisent l’aspiration de la société civile pour une démocratie vivante, revêtent un intérêt particulier. L’APN a, en effet, le pouvoir de proposer des lois, les encadrer et les examiner avant de les voter. Elle a aussi pour mission de contrôler l’actrivité du gouvernement et d’interroger ses membres. Les électeurs ayant l’impression que la partie est jouée d’avance, ils se désintéressent de ces élections. La corruption a tellement pris de l’ampleur qu’elle a transformé cette noble institution en un instrument entre les mains d’une mafia politico-financière, démasquée par le peuple un certain 22 février 2019. Aujourd’hui, avec la volonté affichée par le chef de l’Etat de l’assainir, tous les acteurs sont dans l’attente de la nouvelle loi électorale pour en finir avec ces pratiques malsaines et réhabiliter l’hémicycle. Celui-ci a plus que jamais besoin d’un personnel parlementaire qui agit dans le seul intérêt de la nation et des citoyens qu’il représente.
La prochaine Assemblée populaire devrait, dans ce cadre, réserver un nombre appréciable de sièges aux jeunes qui représentent 54% de la population globale et qui sont à l’origine du sursaut populaire du 22 février 2019. Outre la jeunesse, le prochain député doit avoir des compétences politiques, économiques et sociales pour pouvoir examiner l’action du gouvernement et honorer la mission parlementaire au niveau national et international. Le nouvel élu doit agir loin des considérations partisanes et de tout intérêt personnel. Des qualités qu’il aurait acquises dans les partis politiques ou le mouvement associatif. Il reste à savoir si la classe politique est prête à adhérer à ces changementstrès attendus par la nouvelle génération, car l’intention sincère du président de la République de transmettre le flambeau à la jeunesse, comme il l’avait promis lors de la campagne électorale, ne suffit pas si les partis politiques refusent de s’inscrire dans cette démarche. La nouvelle Constitution a laissé la voie libre à une concurrence politique libre et démocratique. Elle a offert les mêmes chances aussi bien au pouvoir qu’à l’opposition puisque le poste de chef de gouvernement serait consacré en cas de majorité parlementaire et celui de Premier ministre en cas de majorité présidentielle. Ce qui laisse supposer que les partis ayant accompagné le processus électoral du 12 décembre 2019 tenteront d’offrir une majorité parlementaire au Président, alors que les autres partis, dont les indépendants, s’investiront dans ces élections dans l’espoir d’arracher le pouvoir à travers un chef de gouvernement. à cette situation inédite, il est temps pour les organisations politiques d’intégrer cette dynamique pour offrir à la population une Assemblée jeune, dynamique, intègre et responsable. La composante féminine est appelée, elle aussi, à faire ses preuves sur le terrain afin de s’imposer sur les listes partisanes et indépendantes. La femme a le devoir de préserver ses acquis et d’augmenter ses chances d’accéder à la représentation dans les assemblées élues. Une forte présence de députés femmes dans la nouvelle APN peut contribuer à l’accomplissement du rôle de l’Etat dans la consolidation du principe d’égalité. Nous sommes aujourd’hui devant une perspective de rupture avec les pratiques malsaines qui ont terni l’image de cette institution, mais aussi le choix dissipé de certains électeurs imprégnés des idées populistes et tribalistes.
n AssiaBoucetta